Nowhere to run _ Gerri Hirshey


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« La soul, c’est comme l’électricité. On ne sait pas vraiment ce que c’est, mais sa force peut éclairer une pièce. »,

Cette phrase de Ray Charles signe en elle-même toute la grandeur d’un courant musical dont Gerri Hirshey dresse un fabuleux portrait à travers «Nowhere to run», un cultissime roman sorti en 1984 et – ENFIN – traduit en France, par Nicolas Guichard (sorti chez Payot & Rivages, en septembre 2013, dans l’excellente collection, « Rivages Rouges »).

Cultissime ce livre ne peut que l’être : un talent inné de l’auteur pour retranscrire toute la fureur et la majesté de la soul, et une myriade d’artistes plus géniaux, grandiloquents et inspirés les uns que les autres, ceci semble être la recette idéale pour un livre sur la musique qui rien à envier à un Marcus Greil,(cf. « Mystery Train », monument de la «littérature musicale» ).  L’idée de cette somme de rencontres incroyables que constitue le livre, part d’un projet assez simple, que mène Gerri Hirshey, alors journaliste pour le magazine Rolling Stone. Elle décide d’interviewer (et avec quel talent !) toutes les plus grandes figures de la musique des années 1950 à 1970, une musique qui voit le Rock’n’Roll et la Soul prendre tout leur essor, celle que qui connait son apogée de la fin des années 50’,  en 1956, le top 10 des charts compte entre autres, Elvis, James Brown, Gene Vincent, Chuck Berry, ou Little Richard… – cela laisse rêveur, non ? –  et qui ne cesse d’évoluer et de grandir avec les figures de James Brown, Screamin’ Jay Hawkins, Cissy Huston, Aretha Franklin, Sam Cooke, et tant d’autres.

Là où la journaliste Gerri Hirshey fait de ce livre quelque chose qui vous embarque vraiment c’est que dans toutes ces interviews la journaliste trouve le moyen de faire raconter à ses interlocuteurs toutes sortes d’histoires, souvenirs, qui rendent le récit profondément vivant,

Parfois drôle et indéniablement humain.

Si l’on comprend à demi-mots quand elle nous raconte des jeunes venus voir les Rolling Stones ( concert de Madison Square Garden, en 1980)  se demandant qui est ce « grand dingue » qui s’agite sur la scène. Et qui n’est d’autre que le grand, très, très grand Screamin’ Jay Hawkins à qui l’on doit, excusez-le :  « I put a spell on you », qu’un certaine idée de la rock’n’soul et de ces figures légendaires semblent s’être essoufflée, il n’en est pas moins qu’elle restitue toute la grandeur, l’importance et l’influence de cette période de génie musical. On comprend aussi et surtout que le gospel, le rythm’n’blue, donnent à la Soul toute la dimension émancipatrice et libératrice qu’elle porte et sous-entend, loin, très loin à l’époque de faire l’unanimité, tant par son caractère « blasphématoire » que parce qu’elle était chanté, en grande partie, par des noirs.

Qu’il s’agisse de Wilson Pickett, Ray Charles, Percy Sledge, ou encore d’Ahmet Ertegün, fondateur et directeur d’Atlantic Records (label qui dans les années 50/60/70 produira Duke Ellington, Aretha Franklin, John Coltrane, et plus tard Led Zepellin, Dire Strait…), chacun d’entre eux restituent par le biais de Gerri Hirshey une période de ou l’énergie, la créativité, l’émulsion musicale ont travaillées à la création d’un courant musical qui aujourd’hui influence encore toute la scène musicale… et fort heureusement ! Au fil des pages on découvre que James Brown parle d’Elvis comme de presque un frère,  qu’Aretha Franklin est en tout point indétrônable, on lit Diana Ross ,  Steevie Wonder tout en voyageant de Memphis à New York en passant par Detroit, et tant d’autres choses encore.

Ce livre rappelle en fait à quel point la musique peut avoir quelque chose de fédérateur et d’unanime par sa qualité. Et en ces temps de succès phénoménaux des Violetta, One Direction et autres Justin Bieber… on est bien content(e)s de lire ces lignes là.

Nowhere to run _ Gerri Hirshey

Rivages Rouges _ Sept. 2013

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