Les rues de Santiago _ Boris Quercia


df6c9756b2334cc5008c115486124bfe-1396448607
« Il fait froid. Il est six heures du matin et Santiago n’a pas envie de tuer qui que ce soit. Le problème c’est qu’il est flic. »

…et la liste des emmerdes va rapidement s’allonger pour Santiago Quinones, le héros hardboiled de cette sombre intrigue.

Polar old school d’un classicisme assumé, Boris Quercia, auteur chilien dont c’est le premier roman, a probablement du lire une grande partie de l’œuvre de ses pairs nord américains. Pour autant, cela n’écorche en rien son talent et il nous livre un récit tendu dans une ambiance sombre où on ne sait jamais vraiment qui sont les gentils et les méchants.

Tous les ingrédients du roman noir répondent à l’appel.

Le flic perdu (ni vraiment bon, ni foncièrement mauvais), la beauté fatale (mystérieuse), l’avocat pourri et les gangs de rue, le passé qu’on croyait enterré et l’histoire d’amour suffisamment épicée pour ne pas en devenir mièvre. Passez tout ça sous la plume acerbe de Quercia et vous avez entre les mains un récit sec et sans scrupule où l’errance dans les rues de Santiago devient une course contre la montre pour la survie de notre héros.

C’est justement ce décor qui donne au polar de Quercia un petit plus que les autres n’ont pas. La ville de Santiago, plus qu’une toile de fond dans laquelle l’intrigue évolue, devient partie intégrante de l’histoire, un personnage à part entière. On y découvre une ville gangrénée par la corruption et les petites magouilles, une violence continue et généralisée à laquelle les habitants n’ont d’autre choix que de s’adapter et de cohabiter. Une ville cependant irrémédiablement optimiste.

Santiago la ville et Santiago le flic deviennent ainsi le reflet de l’un et l’autre.
Ne pouvant compter que sur eux-mêmes pour se sortir d’affaire.

Un beau suspense, un certain humour et ce qu’il faut de cynisme sans trop en faire, accomplissent cette exploration du personnage de flic parfaitement imparfait cherchant son chemin dans les fragments éparpillés d’une humanité à la dérive.

Polar condensé, net et sans fioriture comme on aimerait en lire plus souvent. Terriblement efficace !

Les rues de Santiago _ Boris Quercia
Asphalte éditions _ 2014

Laisser un commentaire